Beatriz Consuelo à l’honneur en juin à Genève

Inauguration de la place Beatriz-CONSUELO / Installation audiovisuelle / performances

Suite à l’engagement de la Ville de Genève en faveur d’une représentation plus équilibrée des genres dans l’espace public, la Place Charles-Sturm devient en juin 2024 la Place Beatriz-Consuelo, danseuse étoile et pédagogue influente qui a su transmettre sa passion à plusieurs générations de danseurs et de danseuses notamment grâce au Ballet Junior qu’elle a fondé.

Le choix de renommer la place où le Pavillon de l’ADC a pris ses quartiers fait la part belle à la danse à Genève et témoigne de la reconnaissance de la ville pour cet art.

A l’occasion du vernissage, Foofwa d’Imobilité, danseur, chorégraphe et fils de Beatriz Consuelo – en partenariat avec l’ADC – présente une installation audiovisuelle sur la base des archives du fonds Beatriz Consuelo conservé depuis 2019 à la Fondation SAPA, ainsi qu’une série de performances et d’événements.

Lors de ses recherches dans les documents de sa mère, une image a retenu particulièrement l’attention et le fils est parti en quête de réponse auprès de son père. De cette trouvaille, une histoire a été révélée. Et c’est par les mots du fils qu’elle nous parvient aujourd’hui :

« Le projet Place Beatriz-CONSUELO a permis à ce qu’un aspect de la vie de Beatriz Consuelo, apparaisse. Né d’une conversation avec mon père, Claude Gafner, danseur et photographe, au sujet du fonds Consuelo des Archives suisses des arts de la scène, ce narratif n’avait pas encore été raconté.

A la fin des années 60, alors que Beatriz Consuelo était au sommet de sa carrière d’étoile et que Claude Gafner transitionnait de la danse à la photographie de théâtre, mes parents, ce couple né sur scène, récemment marié et encore sans enfant, est devenu co-créateurice d’une série de photographies d’une rare qualité.

Ma mère avait pressenti le talent de son mari pour la photographie et dès lors l’encourageait à suivre sa nouvelle vocation. Elle-même savait l’importance d’une image, de sa trace dans l’histoire, ayant acheté une décennie auparavant sa caméra 8mm et filmé des coulisses certains moments historiques du Ballet du Marquis de Cuevas. Elle avait vu juste puisque la Bibliothèque Nationale de France a archivé en 2010 près de 900 photographies de théâtre et de danse de Claude Gafner.

Lors de séances photo en studio improvisé dans leurs divers logements ou studios de danse, ma mère a joué le jeu du modèle mais un modèle que mon père décrit comme plus que muse, plus que compagne, plus que co-créatrice, ou tout cela à la fois.

J’ai compris que ces séances étaient des moments de pure expérimentation et création. Claude achetait une nouvelle caméra, des nouveaux objectifs, un filtre spécial, curieux des nouvelles technologies ; il peignait un fond ou proposait une thématique, et il essayait, expérimentait avec ses connaissances de novice mais déjà une grande maîtrise.

Et Beatriz se mettait en scène, se maquillait, proposait des habits ou costumes, des personnages et surtout apportait une certaine dimension, en posant merveilleusement bien, avec sa beauté plastique, son intensité théâtrale, son aura d’étoile, son regard, son âme. Mon père dit qu’il n’avait plus qu’à déclencher l’appareil.

Son témoignage raconte l’histoire d’un couple intensément amoureux dialoguant dans leur amour commun de l’image. De cette collaboration, des photographies uniques sont nées: ici un portrait blanc sur blanc qui remporte un prix – image qui se reconnaît d’entre mille -, là un portrait de femme moderne aussi sfumato que la Joconde et d’une rare spiritualité ; là encore des poses de danseuse plus conventionnelles mais dont il ressort la révélation d’un esprit, d’une expression transcendant le diadème de la princesse ; là encore des clichés où le théâtral et le cinématographique s’expriment avec classe, simplicité et modernité. »

Foofwa d’Imobilité.

Beatriz Consuelo (1932-2013) est une danseuse étoile et une pédagogue de la danse. Après ses premiers pas au Théâtre municipal de Rio de Janeiro, elle intègre la Troupe du Marquis de Cuevas en 1953 où elle devient étoile en 1959. Elle poursuivra sa carrière au Grand Théâtre de Bordeaux puis au Grand Théâtre de Genève où elle pose ses valises. En 1969, à la naissance de son fils, elle s’oriente vers la pédagogie en dirigeant l’École de danse de Genève (1975-1999) et fondant en 1980 le Ballet Junior formant de nombreuses générations de danseurs et danseuses.

En 2019, la fondation SAPA reçoit l’ensemble de son fonds d’archives. Le fonds témoigne de sa vie et carrière : enfance, vie privée, carrière d’actrice, de danseuse puis de pédagogue, ainsi que des honneurs et distinctions qu’elle a reçus au cours de sa vie. Il contient notamment des photographies, des documents personnels et de voyages, des articles de presse, des programmes, des contrats et fiches de travail, de la correspondance, des diplômes et titres honorifiques, des médailles et objets commémoratifs, des carnets de notes et d’exercices, de la correspondance et des publications (livres et revues).

Le fonds Beatriz Consuelo est consultable en ligne sur la plateforme de SAPA.

Vernissage de la place et de l’exposition

Jeudi 6 juin 2024 / 18h30

Exposition / installation audiovisuelle

Du 6 au 16 juin 2024

Performances

Vendredi, samedi, dimanche 7, 8, 9 & 14, 15 et 16 juin 2024 / 7h – 19h

Pavillon de la danse Association pour la danse contemporaine 

Place Beatriz-Consuelo

1206 Genève

Informations

Beatriz Consuelo

Crédit image : Beatriz Consuelo et Claude Gafner, sans date. Photo : Claude Gafner.

Fondation SAPA, Fonds Beatriz Consuelo, A-2000-FO/046